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Gaspillage alimentaire

 

La chasse au gaspillage

 

Enjeu économique et environnemental majeur, le gaspillage alimentaire est dans la ligne de mire du ministère de l’Écologie.

À défaut d’une loi, un contrat

C’était l’une des mesures phares de la loi sur la transition énergétique. Approuvé de manière unanime par les députés, l’article visant à réduire le gaspillage alimentaire des grandes surfaces avait été invalidé par le Conseil constitutionnel pour des raisons tenant à sa procédure d’adoption. Il renaît sous forme de « convention d’engagement volontaire ».

Réunis le 27 août par la ministre de l’Écologie et du Développement durable Ségolène Royal, les professionnels de la grande distribution et les pouvoirs publics sont parvenus à un point d’accord : la destruction des denrées alimentaires consommables sera interdite ; les invendus devront obligatoirement être donnés aux œuvres caritatives. En contrepartie, les entreprises concernées bénéficieront d’une réduction d’impôts à hauteur de 60 % de la valeur des denrées données. Autre point important : la date limite d’utilisation optimale (DLUO), trop restrictive dans sa définition, a été supprimée sur certains produits non périssables comme le sel, le sucre, les huiles ou encore le vinaigre.

Ce « contrat de confiance » devra être signé par toutes les enseignes disposant d’une surface de vente supérieure à 400 m2 d’ici septembre 2016. La pression exercée sur leur image de marque devrait être suffisante pour motiver les distributeurs à s’engager, estime Ségolène Royal. À défaut, la ministre prévoit de recourir à des dispositions législatives.

Des responsabilités multiples

Cette mesure française a fait des émules : sur proposition de l’eurodéputée Dominique Delahaye, le Parlement européen a adopté un amendement le 19 juillet sur la lutte contre le gaspillage dans la grande distribution. Le texte s’inspirait de l’article figurant dans la loi sur la transition énergétique et retoqué entre-temps par le Conseil constitutionnel.

Pourtant, la grande distribution n’est pas la première responsable du phénomène de gaspillage. En France, selon une étude du ministère de l’Écologie menée en 2010, seules 11 % des pertes lui sont imputables, contre 2 % pour l’industrie agroalimentaire, 6 % pour la vente au détail, 15 % pour la restauration et surtout 67 % pour les ménages. La Fédération des Banques alimentaires souligne par ailleurs que les grandes surfaces assurent 35 % de l’approvisionnement des réseaux caritatifs, soit l’équivalent de 100 000 tonnes de denrées alimentaires et de 200 millions de repas par an.

Cap vers l’objectif zéro déchet !

Pour limiter le gâchis, c’est l’ensemble des acteurs qu’il faut sensibiliser. Les Français jetteraient entre 20 et 30 kg de nourriture par an, dont 7 encore emballés. Principale cause de ce surplus inutile de déchets : une mauvaise gestion des achats, souvent supérieurs aux besoins réels des consommateurs.

Le ministère de l’Écologie cherche donc à actionner d’autres leviers, en posant d’ici 2025 des objectifs ambitieux : réduire le gâchis de 50 % dans les collectivités et de 7 % dans les ménages.

En 2014, 58 territoires français ont remporté l’appel à projet du gouvernement intitulé « zéro déchet, zéro gaspillage ». Sur la base d’un accompagnement financier et technique, ils s’engagent à réduire au maximum le gaspillage alimentaire. Roubaix a mis au défi 101 familles dans la réduction de 50 % de leurs ordures. À la clé : le remboursement de la moitié de leur taxe d’ordures ménagères. À Paris, 80 établissements de la restauration se sont engagés à collecter leurs déchets pour le recyclage énergétique (méthanisation).

Des initiatives qui pourraient un jour être étendues à un plus grand nombre d’acteurs. Le gaspillage alimentaire constitue en effet un enjeu majeur, à la fois social, économique, environnemental et éthique. Les chiffres disent l’ampleur de la tâche à mener : chaque année, 6 millions de tonnes de denrées alimentaires finissent dans les déchetteries. Soit 20 milliards d’euros mis à la benne tous les ans en France