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Portrait de Nacim KAID SLIMANE, Alumni Sciences Po et HEC Paris

Entretien avec Nacim KAID SLIMANE, Business Development Manager Siemens Algérie, Alumni SciencesPo et HEC Paris

 

 Dans la vie, les batailles perdues sont d’abord celles que l’on refuse de livrer. […] Quand on ne sait pas où l’on va, il ne faut pas oublier d’où l’on vient[…]. Ensuite, on devrait peut être accepter de sortir des sentiers battus. Un chemin différent est surement plus risqué, mais c’est aussi comme cela que l’on progresse de façon décisive, que l’on arrive plus loin voire plus vite que les autres, et que l’on découvre de nouvelles choses. […] Dans un parcours, il peut y avoir des échecs inattendus mais aussi des concours de circonstances favorables et parfois même de très bonnes surprises ! […] » .

 

Mon choix d'études :

J’ai obtenu mon baccalauréat scientifique à l’âge de 17 ans avec la mention « très bien ». J’ai alors choisi de suivre un cursus initial dans le domaine de la gestion à l’Ecole des Hautes Etudes Commerciales (EHEC ex INC). Ce choix pourrait surprendre car j’avais la possibilité de pouvoir intégrer des cursus réputés plus « sélectifs » comme ceux de médecine ou de pharmacie. J’avais en effet privilégié mes centres d’intérêts et certains projets professionnels plus orientés vers le management des organisations. J’ai ensuite décidé d’effectuer un complément de formation en France, précisément à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris.

 

Mon parcours à SciencesPo et à HEC Paris :

En 2007, j’ai été admis à SciencesPo (Institut d’Etudes Politiques de Paris), pour intégrer le cycle Moyen-Orient Méditerranée. Les études que j’y ai suivi étaient réellement passionnantes, et j’ai beaucoup appris sur les réalités politiques et socio-économiques de la zone géographique qui va du Maroc à l’Iran, et sur ses liens (compliqués) avec le reste du monde.

Durant mes études à SciencesPo, j’ai été sélectionné pour faire partie d’un programme de double diplôme avec une école classée parmi les meilleures écoles de Management en France depuis de nombreuses années, HEC Paris. J’ai ainsi pu suivre les deux cursus en parallèle aux côtés d’une vingtaine d’élèves de ma promotion.

Les parcours SciencesPo et HEC sont considérés comme des cursus prestigieux et particulièrement sélectifs à l’entrée. Il n’était pas toujours évident de pouvoir gérer un emploi du temps chargé et de passer des examens dans deux établissements différents. Mais au final, mes efforts ont bien été récompensés. J’ai ainsi réussi à obtenir deux diplômes de Master et une certaine expertise dans la gestion des organisations publiques et privées.

L’enseignement de SciencesPo est centré sur la capacité à analyser un environnement complexe à travers différents prismes : économie, droit, histoire, sociologie et sciences politiques.  On y apprend beaucoup, mais on y apprend surtout à renouveler constamment ses connaissances et à s’ouvrir sur le monde ! Près de la moitié des étudiants sont étrangers. L’objectif est de développer un esprit d’analyse et de synthèse, des capacités d’expression (orales et écrites) en plusieurs langues, et une certaine ouverture sur le monde.

A HEC Paris, j’ai été diplômé du programme Grande Ecole, le parcours « classique » de l’établissement qui délivre un Master en management et surtout un statut d’alumni qui permet d’accéder à un réseau professionnel de qualité. HEC Paris est la Grande Ecole de management par excellence ! (accessible après une classe préparatoire ou un premier diplôme). La plupart des cours se font en anglais.

L’école propose des formations pluridisciplinaires et très opérationnelles : finance, comptabilité, marketing, droit, stratégie, supply-chain … Pour faire simple, tout ce qu’il faut pour gérer une société, ou en créer une !

Mon choix de rentrer et de travailler en Algérie :

Je pense que revenir en Algérie après un parcours à l’étranger est avant tout un devoir moral. Ce n’est pas forcément un choix tout à fait « naturel ». Ce choix est peut-être même incompréhensible chez certains.

Cela dit, il ne faut pas uniquement considérer les écarts sur les niveaux de salaires ou sur certaines conditions de vie. A mon sens, d’autres paramètres devraient être pris en considération pour préparer son retour en Algérie à savoir : l’évolution de carrière à long terme (progression plus rapide, avec plus de chances d’atteindre les sommets), l’intérêt et  l’utilité du travail que l’on fait (une activité qui a un sens pour nous), l’équilibre vie professionnelle/vie privée, mais aussi une certaine adéquation avec ses valeurs culturelles et morales (nous  sommes ici chez nous et entre nous, ce qui n’est pas forcément le cas ailleurs ...).

Il s’agit aussi d’une forme d’engagement, une marque de foi en l’avenir du pays :

Il est tout à fait possible, et même souhaitable à mon sens, de se projeter en Algérie sur le long terme et construire son avenir dans son pays. Après tout, nous n’avons qu’un pays, et n’avons nullement besoin d’en chercher un autre !

Ma vie professionnelle aujourd’hui :

J’occupe actuellement la fonction de «  Business Development Manager » à Siemens Algérie. Il s’agit concrètement de planifier et d’accompagner, par des actions concrètes, la croissance d’une société grâce à la coordination des équipes commerciales et des équipes finances. Il s’agit avant tout de pouvoir anticiper pour aborder l’avenir dans les meilleures conditions. L’environnement évolue en permanence, et c’est aussi cela qui est intéressant, surtout en Algérie !

Cette fonction englobe plusieurs axes stratégiques : analyse des marchés, identification et gestion des opportunités, gestion de la relation clients, préparation de business plans, négociations de partenariats, pilotage des indicateurs financiers…

L’autre aspect passionnant est de pouvoir travailler sur plusieurs secteurs d’activités : énergie, industrie, santé, hydraulique, transports… Et notamment sur les grands projets d’infrastructures, comme les centrales électriques, les réseaux d’eau potable ou les lignes de métro. Et sur des projets plus innovants, comme ceux des énergies renouvelables, ou de la digitalisation dans l’industrie.

Un mot sur Siemens Algérie :

Siemens est un grand groupe basé en Allemagne. Il s’agit de la toute première société étrangère qui s’est installé en Algérie après l’indépendance (dès août 1962). Une bonne partie de l’électricité qui alimente aujourd’hui les foyers algériens est générée par des turbines Siemens, puis distribuée via des postes transformateurs équipés par Siemens, avec des équipes algériennes.

Avoir de la lumière lorsqu’on allume son interrupteur à la maison paraît naturel. Pourtant, il s’agit d’une combinaison de technologies très complexes et toute une logistique en place 7 jours sur 7, 24 heures sur 24, et 365 jours par an...

« On ressent une certaine fierté de pouvoir contribuer, à son humble échelle, aux efforts qui portent sur les infrastructures vitales de son pays et sur la continuité de certains services de base pour ses compatriotes. Je ne pourrais faire cela nulle part ailleurs qu’en Algérie ».

La valeur ajoutée de cette expérience en France :

On y trouve toujours des établissements reconnus, de renommée mondiale, et ce dans quasiment tous les domaines. On y enseigne de plus en plus en anglais, en se rapprochant des standards anglo-saxons. Au-delà des critères académiques, il s’agit aussi d’une expérience humaine enrichissante : on dit que les voyages forment la jeunesse, et cela reste d’actualité.

Malgré les récentes restrictions que l’on a pu observer, la France reste une destination privilégiée pour un projet d’études à l’étranger, en particulier pour compléter un parcours entamé en Algérie.

Un étudiant algérien peut aussi s’adapter rapidement en France, grâce à la maitrise de la langue, à une certaine proximité culturelle, et à la présence d’un réseau d’entraide. Quasiment tous les Algériens ont dans leur entourage de la famille ou des connaissances installées en France… Cela peut parfois aider, ou en tout cas, ça rassûre.  

Un mot d’encouragement ou des conseils pour les futures générations :

J’aurais trois conseils assez basiques, mais qui sont pour moi essentiels :

  • D’abord, il faut apprendre à considérer l’incertitude de manière positive, en évitant « l'auto-limitation ». Dans la vie, les batailles perdues sont d’abord celles que l’on refuse de livrer !

Dans un parcours, il peut y avoir des échecs inattendus mais aussi des concours de circonstances favorables et même parfois de très bonnes surprises. On a tendance à l’oublier, et à se dire que tout est déjà perdu (ou déjà gagné), alors qu’on ne maitrise pas tous les paramètres et que l’on a aucune idée de ce qui nous attend.

  • Ensuite, on devrait peut être accepter de sortir des sentiers battus. Ce n’est pas parce que tout le monde fait quelque chose, qu’il faut forcément faire la même chose. Un chemin différent est surement plus risqué, mais c’est aussi comme cela que l’on progresse de façon décisive, qu’on arrive plus loin ou plus vite que les autres, ou qu’on découvre de nouvelles choses.

 

  • Enfin, chacun devrait identifier ses valeurs fondamentales et les garder à l’esprit. Quand on ne sait pas où l’on va, il ne faut pas oublier d’où l’on vient. Aucun parcours n’est entièrement individuel et totalement indépendant d’un certain environnement culturel, historique et géographique. Les efforts de chacun ne sont pas « que » pour soi-même, mais aussi pour « sa » communauté, et pour les valeurs qu’elle porte.

 

Un mot sur le réseau France Alumni Algérie :

  • C’est une initiative très intéressante pour les diplômés algériens afin d’établir et de garder le lien avec des personnes aux parcours similaires, qui sont établis en Algérie.

 

  • Partout dans le monde, les réseaux d’alumni sont l’une des approches les plus efficaces pour se constituer un carnet d’adresse dans le monde professionnel. L’annuaire de la plateforme et l’esprit d’entraide de la communauté sont potentiellement de formidables outils !

 

  • C’est également un réseau utile « socialement », afin d’aider les jeunes générations à choisir leur voie, à pouvoir concrétiser leurs projets d’études et leurs projets professionnels.

 

  • Enfin, les évènements qui sont organisés en Algérie offrent de belles opportunités de rencontres avec des professionnels de différents secteurs d’activité, et d’échanger avec eux autour de multiples parcours et engagements en Algérie, et pour l’Algérie. C’est tout simplement un formidable générateur d’espoir !