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Entretien avec Abdelkrim Ksouri, diplômé de l'ENA France et de l'ENA Algérie

      

Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie                 
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,                  
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;
[…]

Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,

Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis,
Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire
Tu seras un homme, mon fils.

Rudyard Kipling (1909).

 

 

Ce texte qui appelle au courage de celui qui subit une épreuve, prend tout son sens aujourd’hui, dans les moments particuliers que nous vivons. Il nous rappelle que, même abattu par le destin, l’homme doit se relever et trouver des solutions. Pour redevenir souverain de sa vie, il devra aussi réussir à changer, à évoluer et à trouver la volonté d’accomplir avec succès ses ambitions et franchir les obstacles qu’il rencontrera dans sa vie personnelle et professionnelle.

 

 

Mon parcours académique et professionnel en Algérie :

Mon parcours académique était, depuis l’obtention de mon baccalauréat, étroitement lié à cette vocation; celle de servir l’État et l’intérêt général. Une ambition que seule une formation dans un établissement de la haute fonction publique pouvait concrétiser.

J’ai d’abord effectué des études de Traduction et de Droit à l’Université de Constantine puis j’ai obtenu un Certificat d'Aptitude pour la Profession d'Avocat (CAPA).

Le choix de l’École Nationale d’Administration (ENA) était pour moi comme un défi et un rêve à la fois, que j’ai pu réaliser en 2013 en Algérie, en faisant partie de la promotion qui a donné son nom à l’Immortelle « Assia Djebar » (2013-2016).

A l’issue de cette formation, j’ai été affecté à la Wilaya (préfecture) de Constantine (ma ville natale). J'ai été installé au cabinet du Wali (préfet), où j’ai pris en charge, entre autres, les dossiers de la coopération décentralisée (élaboration et suivi des accords de jumelage). Une expérience qui m’a donné l’envie de connaître de nouvelles pratiques de gestion, de nouveaux modes de gouvernance, de m’ouvrir aux autres et de vivre une expérience à l’international.

 

 

 

L’ENA France, 16 mois d’aventure humaine :

Mon choix de rejoindre l’ENA France s’inscrivait non seulement dans la continuité de mon parcours en Algérie mais il faisait aussi écho à mon ambition d’aller chercher un savoir-faire et une expertise qu’offre ce haut lieu d’excellence républicaine, notamment dans le domaine de la gestion, des politiques publiques, de la gouvernance, de la diplomatie et des négociations européennes et internationales. J'ai donc été recruté par le jury d'admission aux cycles internationaux de l'ENA à l'ambassade de France en Algérie en 2018. J'ai également été associé au Forum annuel de rencontres entres les meilleurs candidats aux études en France, les Alumni, les recruteurs et les associations, organisé par l'Institut français d'Algérie avant mon départ en France.

 

 

 

J’ai rejoint la ville de Strasbourg en septembre 2018. Cette ville constitue en elle–même un véritable atout.  Surnommée « Capitale de l'Europe », elle  abrite le parlement de l'Union européenne, le Conseil de l'Europe et la Cour européenne des droits de l'homme.

En intégrant le Cycle International Long (CIL) de l’ENA, la première chose qui m’avait marqué était la richesse de la diversité : 110 élèves (88 français et 22 étrangers issus de 19 nationalités différentes). L’importance de la francophonie était notamment reflétée par la présence des pays africains (Tchad, Côte d’Ivoire, Algérie). Les regards croisés et les tables rondes organisées sur des thématiques variées permettent de s’enrichir pleinement de la réflexion des différents pays représentés.

 

 

J’ai par ailleurs noté l’implication et la prise en compte du vote des élèves étrangers, notamment pour le choix du nom de la promotion « Molière » à titre d’exemple. L’intérêt porté aux nouvelles générations est également assez frappant, ils sont perçus comme les nouveaux décideurs des politiques publiques !

Ce cycle m’a permis de suivre des enseignements sur des thématiques importantes et variées, présentées par des professionnels, des experts et des hauts fonctionnaires français et étrangers et l’actualité était foisonnante.

Le diplôme d’administration publique que décerne l’ENA est complété par un Master 2 en collaboration avec l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Les élèves étrangers peuvent donc bénéficier d’une formation académique et de recherche en plus de la formation pratique qu’offre l’ENA. La qualité des enseignements dispensés par les professeurs de l’université était remarquable et les enseignants étaient très accessibles, ce qui a rendu cette expérience à la fois académique et humaine, sereine et enrichissante.

 

 

Stage à la préfecture des Bouches-du-Rhône :

J'ai également eu l'occasion d'effectuer un  stage de 4 mois à la préfecture de région PACA, préfecture des Bouches-du-Rhône auprès de la Préfète déléguée à l’égalité des chances (PDEC). Ce stage m’a permis de mieux connaître le fonctionnement des services de l’État et d'appréhender son interaction avec les Collectivités territoriales en France. La PDEC et son équipe m’ont donné l’opportunité d’exercer des missions au service des citoyens, une aubaine pour le jeune fonctionnaire étranger que j’étais. 

 

La valeur ajoutée de cette expérience en France :

Partant de l’envie d’acquérir une expertise professionnelle à travers un cycle d’excellence et une formation très pratique, cette aventure m’a offert des perspectives d’apprentissage culturel, linguistique, politique, culturel et même culinaire ! Il existe peu d’établissements à mon sens,  qui offrent une telle expérience de vie, d’autant plus que c’était la première fois où je visite la France. Cette expérience permet aussi de mieux assimiler le fonctionnement de l’administration française et offre une grille de lecture supplémentaire sur la nature des relations et les partenariats possible entre la France  et l'Algérie !

Des conseils aux futures générations :

Si j’ai un conseil à donner aux futurs étudiants, quel que soit leur domaine, c’est :

  • Faire preuve d’audace: oser s’ouvrir à des horizons nouveaux ou des expériences humaines et professionnelles.
  • Ne pas avoir peur de s’égarer : parce que c’est en s’égarant dans nos rêves qu’on finit par trouver ce que l’on recherche.
  • Tenter les expériences à l’international : profiter de la richesse, de la diversité, s’ouvrir au monde.
  • Profiter de la facilité de la langue pour échanger, s’interroger dans le cadre des tables rondes, des cercles d’idées ou des regards croisés.

 

Nos étudiants sont tellement bourrés de talents qu’il suffit d’y croire, d’oser et de le vouloir pour qu’ils atteignent leurs objectifs !

 

Un mot sur le réseau France Alumni Algérie :

Parmi les 22 élèves étrangers de l’ENA France, je suis le premier à avoir été contacté par le réseau France Alumni de mon pays pour un retour d’expérience.  Cela témoigne de l’intérêt que porte le réseau France Alumni Algérie aux étudiants qui ont fait une mobilité en France. Je souhaiterais que cet intérêt évolue et que cette tradition se perpétue afin de relier à un réseau de partage, des diplômés de tous horizons et de faire profiter les futurs étudiants algériens en France de leurs expériences.