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Entretien avec Rayan Boulares co-fondateur de Digital Link Algérie, une startup spécialisée en moyens de paiement

Se lancer dans l'entrepreneuriat n’est pas toujours évident. […]. Entre les périodes de doute, les challenges quotidiens et la concurrence de plus en plus intense. Il faut se remettre sans cesse en question afin de garder le cap, en réglant ses voiles au gré du vent si nécessaire. […].  La période actuelle a été difficile pour beaucoup de personnes, moi le premier. Cependant, n’est-ce pas l’occasion idéale pour tout réinventer ? […]. Nous devons créer le monde de demain à partir des défis inédits que nous propose le monde d’aujourd’hui. A nous ensuite de transformer ces défis en réussites !... ».

 

Un mot sur votre parcours académique en Algérie et votre choix d’études en France :

Après l’obtention d’un baccalauréat spécialité Mathématiques en Algérie, j’ai effectué une Licence en Informatique puis un Master en Sciences et Technologies de l'Information et de la Communication à l’Université Badji Mokhtar d’Annaba. J’ai ensuite décidé d’approfondir mes connaissances tout en profitant de la richesse d’une expérience à l’international (autonomie, ouverture aux autres, dépassement de soi, etc). Mon choix s’est naturellement porté sur la France pour des raisons évidentes de proximité géographique et culturelle. Je me suis alors inscrit à l’Université Paris-Saclay (ex Paris-Sud) afin d'y suivre un Master 2 en Intelligence Artificielle (IA).

 

Un mot sur votre activité professionnelle et votre choix de rentrer en Algérie :

En France, j’ai également effectué un stage au sein du Groupe Renault (Technocentre de Guyancourt). Cette expérience m’a permis d’obtenir plusieurs propositions d’embauche, dont certaines vraiment intéressantes ! Cela dit,  l’appel du pays a été plus fort. J'ai toujours rêvé de créer ma propre entreprise, et je me sentais plus à l’aise à l’idée de le faire en Algérie, là où tout restait encore à faire, à inventer.

A mon retour au pays, j’ai été recruté au Consulat Général de France à Annaba par un heureux concours de circonstances. J’avais gravi les échelons et je m’y sentais comme un poisson dans l’eau. Désormais plus mature, sachant mieux gérer mon temps et disposant du recul nécessaire grâce aux compétences professionnelles acquises, un dilemme s’est vite posé : continuer à mener un mode de vie stable ou prendre les risques nécessaires à la réalisation de mon rêve d’entreprendre. Le choix n’a pas été simple, mais j’ai fini par présenter ma démission afin de créer une startup spécialisée en intelligence artificielle en décembre 2015.

Disposant de bases solides en IA et passionné de sécurité informatique, j’ai choisi de m’intéresser aux moyens de paiement alternatifs. Nous avons développé et commercialisé une solution de portemonnaie électronique rechargeable destiné aux personnes ne disposant pas de compte bancaire (population estimée à 60% en Algérie). Le projet a suscité l'engouement des autorités et des collectivités locales et a créé un buzz conséquent. Et c’est là que l’aventure a commencé !

 

Un mot sur les enjeux de l’entrepreneuriat en Algérie

Beaucoup de personnes disent que l’Algérie est un terrain vierge pour l’entrepreneuriat mais peu en saisissent réellement le sens. Un « terrain vierge » ne rime pas forcément avec « facilités », bien au contraire ! Un terrain vierge veut dire que tout reste à faire, ce qui n’est pas évident tous les jours.

Il faut cependant savoir tirer avantage de ces difficultés, et c’est là tout l’intérêt, j’oserais même dire tout l’art de l’entrepreneuriat innovant : "créer le monde de demain à partir de ce que nous propose le monde d’aujourd’hui".

Quelle est selon vous la valeur ajoutée d’une mobilité en France pour les nouveaux étudiants ?

La mobilité étudiante est avant tout une expérience de vie. Souvent on en apprend plus sur nous-mêmes durant une ou deux années de mobilité que durant tout un cursus, voire toute une vie.

Avoir l’opportunité de découvrir de nouveaux horizons, d’autres cultures, d’autres façons de faire et de penser est tellement enrichissant que chaque personne ayant l’opportunité de le faire, ne devrait pas hésiter !

La France, de par son rayonnement culturel international,  la diversité et l’excellence des formations supérieures qu’elle propose, représente une destination idéale pour tout étudiant désirant parfaire son cursus. Par ailleurs, grâce aux liens étroits qui unissent nos deux pays, une mobilité en France est une magnifique occasion de partir à l’étranger tout en gardant ses repères.

 

 

Quelle est votre devise dans la vie ?  Et quelles seraient les clés de réussite en cette période de pandémie, selon vous ?

Créer mon entreprise n’a pas été une partie de plaisir tous les jours : entre les périodes de doute, les challenges quotidiens et la concurrence de plus en plus intense. Il faut sans cesse se remettre en question afin de garder le cap, en réglant ses voiles au gré du vent si nécessaire. Ma devise dans la vie est d’aller au bout de ses rêves, coûte que coûte, mais en se remettant toujours en question. La période actuelle a été difficile pour beaucoup de personnes, moi le premier, cependant n’est-ce pas là une occasion idéale pour tout recréer ? Tout réinventer ? Il faut justement créer le monde de demain à partir des défis inédits que nous propose le monde d’aujourd’hui. A nous ensuite de transformer ces défis en réussites !

Par exemple, nous entendons actuellement beaucoup parler de télétravail. Plusieurs solutions ont été développées en ce sens en quelques mois, et tellement d’autres sont encore en route. L’écologie, le développement durable, les énergies renouvelables ne sont pas en reste. Vu le contexte particulier dans le lequel nous vivons depuis plusieurs mois, je suis persuadé que nous allons observer d’importants changements dans différents aspects de la vie quotidienne.

 

 

Quels conseils donneriez-vous aux futures générations qui souhaitent se lancer dans leur projet d’avenir ?

Mon conseil est aussi simple que ça : « Lancez-vous ! ». Il ne faut jamais baisser les bras, et comme le dit l’adage « Plus ça rate, plus ça a des chances de réussir ! ».

Que votre projet soit de partir étudier à l’étranger, travailler dans une multinationale ou créer sa startup.  Il faut simplement croire en soi et savoir obtenir le meilleur de chaque défi rencontré dans la vie, ne serait-ce qu’en en retirant une leçon.