Voyage à travers un Orient fantasmé

 

Boussole, rêverie orientale

Considéré comme la plus prestigieuse distinction littéraire francophone, le prix Goncourt a été attribué le 3 novembre dernier à Mathias Énard pour Boussole (Actes Sud, août 2015). Avec ce septième roman, l’écrivain français nous embarque dans les rêveries nostalgiques de Franz Ritter, musicologue viennois épris d’Orient.

Lors d’une nuit d’insomnie, Franz se remémore ses voyages ; d’Alep à Palmyre, d’Istanbul à Téhéran. Il nous raconte l’Est des explorateurs, des orientalistes assoiffés de connaissances et de découvertes. Dans ses songes, une figure revient sans cesse : Sarah, femme de sa vie (ou de ses rêves…), elle aussi grande voyageuse attirée par les horizons lointains.

 

L’islam et l’orient au cœur de la saison littéraire

Le Goncourt 2015 est l’œuvre d’un amoureux des cultures de l’islam, fasciné dès l’enfance par les « Mille et une nuits » et diplômé de persan et d’arabe. Comme ses personnages, Mathias Énart a « parcouru l’Égypte, la Syrie ou l’Iran ».

Avec Boussole, il revendique le souhait de « rendre hommage à tous ceux qui, vers le levant ou le ponant, ont été à tel point épris de la différence qu’ils se sont immergés dans les langues, les cultures ou les musiques qu’ils découvraient ». Un message qui, au regard des récents événements, prend une dimension particulière.

Utopies méditerranéennes

L’Académie Goncourt a placé cette saison sous le signe des utopies méditerranéennes. L’autre grand favori du prix était le romancier Hédi Kaddour qui, dans « Les Prépondérants », aborde les prémices de la décolonisation dans un protectorat maghrébin imaginaire. Cet auteur s’était déjà vu remettre quelques jours auparavant Le Grand prix du roman de l’Académie française.

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