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Jérémie Ni, fondateur de ChinForm

Médiateur des cultures

 

C’est dans le choc culturel vécu à son arrivée en France que Jérémie Ni a trouvé les outils pour créer une entreprise florissante. Originaire de Shanghai, il est le fondateur d’un cabinet de recrutement spécialisé dans la relation franco-chinoise.

 

Entre cultures nationales et culture d’entreprise

Avec sa verve efficace et son sourire avenant, Jérémie Ni incarne le visage de l’entrepreneur épanoui. À entendre son français impeccable, rien ne laisse soupçonner la longue épreuve que fut l’adaptation de ce Chinois arrivé en France il y a trente ans.

Originaire de Shanghai, Jérémie Ni obtient une bourse d’études à la fin des années 1980 pour intégrer la prestigieuse école de commerce ESSEC. Le brillant élève suit son cursus sans entraves mais se retrouve face un barrage relationnel.

« Les codes culturels sont très différents. Je prenais cette façon sans détour que les Français ont de s’exprimer pour de l’agressivité, voire de l’animosité. Je ne savais pas comment les accoster et j’ai commis beaucoup de gaffes. »

Diplôme en poche, la barrière du multiculturalisme devient sésame pour une carrière internationale. Il rejoint le groupe Renault en tant qu’ingénieur d’affaires. Dans ces années 1990, la Chine entame sa spectaculaire croissance et l’industrie automobile est déjà un secteur clé. Jérémie Ni, quant à lui, devient un acteur majeur pour créer les ponts avec le partenaire chinois du groupe.

« Travailler dans une entreprise française m’a permis d’appréhender les subtilités occidentales dans la façon de gérer les affaires. Mais les relations étaient toujours aussi laborieuses. J’ai alors décidé que la meilleure façon d’exploiter cette double connaissance, française et chinoise, était d’ouvrir ma propre entreprise. »

 

Sinautec et ChinForm : faire d’une double culture une expertise

jeremie_ni_400Ces 15 dernières années, l’attrait pour la Chine s’est amplifié à mesure qu’elle gagnait en poids économique. Pour Jérémie Ni, ses racines sont devenues un atout professionnel. En 2005, il crée Sinautec, un cabinet de conseil pour les entreprises françaises cherchant à développer leurs activités en Chine. PSA, Renault, Veolia, Suez, Danone… la Chine est désormais un marché stratégique et Jérémie Ni se positionne comme un interlocuteur privilégié pour certains de ces groupes.

« Les Français sont beaucoup plus court-termistes que les Chinois et laissent parfois passer des opportunités par manque de confiance. Il faut une certaine ouverture d’esprit pour gérer les paradoxes culturels chinois. Cette connaissance est indispensable pour rester compétitif. C’est ce que j’enseigne aux entreprises françaises. »

Pour le compte de ces groupes, Jérémie Ni entreprend de préparer les employés à l’expérience chinoise. Mais le constat est sans appel : le coût de l’expatriation n’est pas à la hauteur des performances de ces français déracinés. La réponse de Jérémie Ni va alors prendre la forme d’un cabinet de recrutement.

Crée en 2010, ChinForm se distingue, dans le secteur de la gestion de ressources humaines, par un cahier des charges précis. L’ambition est de proposer aux entreprises françaises des profils chinois aptes à concrétiser l’implantation asiatique. À ce jour, cette société de seulement 3 collaborateurs s’est entourée d’un réseau de plus de 22 000 chinois formés dans les meilleures écoles françaises.

Le succès ne se fait pas attendre : deux ans après sa création, ChinForm voit naître son salon. Sur les stands de Danone, Dior ou Decathlon défilent des jeunes diplômés triés sur le volet. 1 200 entreprises françaises ont déjà passée les portes de l’Empire du Milieu, c’est dire que Jérémie Ni a du pain sur la planche.

« Le marché Chinois est difficile et le gouvernement met parfois des bâtons dans les roues, mais mon rôle est de convaincre les entreprises françaises de persévérer, car dans 30 ans la Chine offrira toujours autant d’opportunités ».

 

Un catalyseur pour le dialogue économique franco-chinois

En 2015, la part d’étudiants chinois en France a dépassé celle des marocains pour devenir la première nationalité étudiante étrangère. 31 000 inscrits aujourd’hui, ils seront près de 80 000 d’ici 2020 selon le Quai d’Orsay qui souhaite former un réservoir de talents francophiles et s’ouvrir ainsi les portes de ce marché colossal.

Ce potentiel politico-commercial, Jérémie Ni en a saisi l’importance et… en a fait l’expérience. Ses claques culturelles des débuts lui ont donné matière pour entreprendre des formations d’un nouveau genre. Chaque mois, Jérémie organise des dîners, débats et conférences pour aborder les problématiques interculturelles qui séparent la France et la Chine. Jérémie Ni offre ainsi à ces jeunes chinois les clés qui lui ont fait défaut il y a 30 ans.

« En tant que chinois, on a des lacunes au niveau de la communication alors qu’en France, le plus important dans une entreprise c’est le marketing. J’apprends aussi aux jeunes à calmer leur ego car les Chinois ont une sensibilité à fleur de peau qui peut être très mal perçue par les employeurs français. »

Permettre aux entreprises françaises un tel dialogue avec la Chine c’est leur offrir d’incroyables perspectives commerciales. Avec un enthousiasme à toute épreuve, Jérémie Ni a adopté la culture française et participe désormais à la faire rayonner dans son pays natal. Un entrepreneur atypique qui se laisse parfois encore « rattraper par le décalage » pour mieux rebondir.