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Katja Petrovic

Les deux facettes du journalisme interculturel

 

D’origine allemande, Katja Petrovic a fait de la France son pays d’adoption. Journaliste dans les deux langues, elle dresse des passerelles par-delà le Rhin. Le va-et-vient nourrit son quotidien professionnel autant que ses réflexions personnelles.

 

L’investigation pour vocation

Pour Katja Petrovic, le journalisme est une véritable vocation. Enfant, elle mène un travail d’investigation auprès de sa famille pour tenter de comprendre la possibilité du nazisme. Digne représentante « de la génération qui questionne », Katja Petrovic veut « libérer les souvenirs » qui tissent les fils des trajectoires humaines.

Elle aime aller sur le terrain et construire un sujet petit à petit. Attachée à une éthique journalistique rigoureuse, elle déplore la dégradation des conditions dans lesquelles s’exerce le métier. Notamment la dictature du scoop, qui nuit à l’exactitude et à la qualité de l’information.

Une Allemande à Paris

Chaque fois que Katja Petrovic retourne en Allemagne, sa mère s’étonne de l’allure si parisienne de sa fille. Pourtant, ses débuts dans la capitale n’ont pas été évidents. Arrivée comme jeune fille au pair, elle doit affronter un certain nombre d’a priori et d’idées reçues sur son pays d’origine. Pour autant, elle évoque sans rancœur cette défiance : elle la voit comme une épreuve du feu nécessaire à son intégration.

Détentrice d’une maîtrise de lettres modernes à l’Université de Bourgogne et d’un master en journalisme culturel à l’Université des arts de Berlin, la jeune femme fait son trou dans le milieu journalistique français. D’abord spécialiste de l’actualité hexagonale sur la radio allemande, elle explique aujourd’hui l’actualité allemande aux Français.

Cette amoureuse des livres, qui anime des débats sur la littérature germanophone pour le Bureau international de l’édition française où elle travaille à mi-temps, revendique un rôle de trait d’union entre les deux pays. Jouer les passeurs de culture lui permet, selon ses propres termes, de « donner du sens à l’échange franco-allemand ».

Écrire à la troisième personne

La double appartenance culturelle de Katja Petrovic est plus qu’un atout professionnel. C’est une manière particulière d’envisager l’existence : « Vivre entre deux cultures, c’est être en dialogue permanent avec soi-même, mais aussi écouter mieux. » Le Rhin n’est pas la seule des frontières qu’elle franchit. Elle qui a hérité de son père des racines serbes s’est lancée dans l’apprentissage du serbo-croate.

Pour aller à la rencontre de ce troisième moi, Katja Petrovic envisage également l’écriture d’un roman sur la Yougoslavie. Elle y raconterait la vie de ce père dont le destin condense à lui seul tout un pan de l’Histoire : la guerre, le communisme, la dictature du Maréchal Tito… Si ce projet commence à prendre forme, elle n’a pas encore décidé en quelle langue serait rédigé son manuscrit.

Une philosophie de vie à la française

Aujourd’hui, la jeune femme semble s’être complètement approprié la culture française, mis à part certains aspects qui lui déplaisent comme la hiérarchisation à l’extrême des rapports professionnels. Elle apprécie tout particulièrement la poésie du quotidien qui anime les Français, les pousse à prendre leur temps et à privilégier le beau au fonctionnel.

 

Si Katja Petrovic ne souhaite pas retourner vivre en Allemagne, c’est parce qu’elle a fait sienne une certaine philosophie de vie à la française. Pour elle, une journée parisienne commence avec des bavardages autour d’un café et de petits gâteaux et s’achève au cœur d’un appartement irrémédiablement mal isolé, mais ravissant. Une manière de concilier l’exceptionnel et le banal, mais aussi le désir de légèreté et la quête de profondeur qui l’animent.