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Nouvelle-Calédonie
CAMPUS FRANCE
Raodath Aminou, cofondatrice d’OptiMiam

Une application pour combattre le gaspillage alimentaire

 

Faire des économies tout en luttant contre le gaspillage alimentaire : tel est le concept d’OptiMiam, une application imaginée par l’entrepreneuse béninoise Raodath Aminou.
 

 

Une réponse simple à des problèmes complexes

C’est en passant un soir devant un traiteur japonais de son quartier que Raodath Aminou a eu l’étincelle créative que tout jeune entrepreneur rêve de connaître. « Le commerçant écoulait son stock de sushis à moitié prix en m’expliquant qu’il allait fermer sa boutique dans deux heures, se souvient-elle. Il préférait brader ses invendus plutôt que les jeter à la poubelle. »

La jeune femme a alors une idée de génie : créer une application pour smartphone qui relierait commerçants et consommateurs d’un même quartier et relaierait les offres promotionnelles de dernière minute. « L’idée était claire à exposer, simple à appliquer et, surtout, elle avait du sens : elle permettrait de moins gaspiller tout en créant du lien social. Je me suis dit qu’il n’y avait pas de raison pour que ça ne marche pas ! »

Alors étudiante en Master innovation et économie numérique à l’École polytechnique de Paris, Raodath décide de présenter son projet au concours « Startup Weekend » de son école. Le 9 mars 2014, elle se hisse à la troisième marche du podium et pose la première pierre à l’édifice d’OptiMiam. « Ce même jour, j’ai rencontré mon associé Alexandre Bellage, se souvient Raodath. Son profil commercial m’a tout de suite intéressée. Nous avons ensuite convaincu Meddy Menzikoff de nous rejoindre pour le développement technique »

 

À l’assaut du « Paris populaire »

Faute de prêt bancaire, OptiMiam démarre avec les moyens du bord. Une contrainte qui pousse les trois cofondateurs à aller vite, très vite. En six mois, l’application est lancée dans plusieurs arrondissements parisiens : ces secteurs, qui comptent de nombreux commerces de proximité et une vie de quartier animée, sont particulièrement propices au déploiement de la « food tech ».

« On a réussi à convaincre les bonnes personnes, explique Raodath. Des étudiants et des professionnels ont accepté de s’associer bénévolement au projet en attendant d’être embauchés lorsque notre situation financière le permettrait. Aujourd’hui, notre équipe compte quinze personnes dont 10 salariés! »

L’application OptiMiam, téléchargeable gratuitement, fonctionne grâce à la géolocalisation. Elle permet à l’utilisateur de découvrir des offres promotionnelles qui se situent à proximité. Les commerçants doivent s’abonner pour bénéficier du système : tous les jours, ils peuvent proposer un panier (ou « OptiBox ») d’une valeur réelle de 10 euros mais revendu 3 ou 5 euros.

Deux ans après son lancement, le réseau OptiMiam rassemble déjà 400 commerces indépendants, des chaînes de restauration rapide, des supermarchés et 105 000 utilisateurs, essentiellement des étudiants et des célibataires de moins de 35 ans. « Notre objectif aujourd’hui est d’étendre le concept à tous les arrondissements de Paris et à d’autres grandes agglomérations françaises, poursuit Raodath. Nous procédons méthodiquement : chaque mois, un quartier ».

 

Du lycée français de Cotonou à Polytechnique

Le succès fulgurant d’OptiMiam est à l’image de Raodath Aminou. Née au Bénin, cette jeune femme a décroché son baccalauréat à 16 ans au lycée français de Cotonou. Ses résultats lui ont permis de bénéficier d’une bourse d’études française pour s’inscrire en classe préparatoire au lycée Buffon à Paris, d’obtenir un master en Management des Systèmes d’Information à l’Institut supérieur d’électronique de Paris (ISEP) en 2011 et d’étudier à l’École polytechnique de 2013 à 2014.

Aujourd’hui âgée de 26 ans, Raodath fait partie des entrepreneurs qui font bouger l’économie française. Avec une pointe de modestie, elle évoque le hasard de s’être « trouvée au bon endroit au bon moment, face à ce marchand de sushis ». Mais OptiMiam est directement lié à son parcours. « Au Bénin nous ne gaspillons jamais de nourriture, explique-t-elle. Tout se recycle. Quand j’ai commencé mon enquête ici en France, j’ai réalisé que les chiffres étaient faramineux. J’avoue toutefois que le volet social du projet m’importe plus que l’aspect écologique ! »

Un an après le lancement du Pacte national de lutte contre le gaspillage alimentaire par le Gouvernement français, OptiMiam attire tous les regards et cumule les prix d’innovation : prix « E-Food » 2014, prix « Émergence Service BtoC » 2014, prix « Paris-Saclay Invest » 2015… En 2016, la start-up a également obtenu le Soutien aux projets socialement innovants de la région Île-de-France et a levé 600 000 euros. De quoi entrevoir l’avenir avec optimisme… et moins de déchets.

 

Photos © François Rouzioux/Animal pensant