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Erasme ou l’humanisme en marche

Erasme ou l'humanisme en marche

Il est plaisant de penser que la célèbre figure historique d’Erasme, l’infatigable marcheur pour l’humanisme qui a acquis l’essentiel de sa doctrine philosophique en France, ait donné son nom latin au plus célèbre programme d’échanges universitaires et de mobilité des étudiants internationaux. Bien sûr, ce n’est pas un hasard : comme l’indique le Parlement européen, le nom du programme Erasmus lancé en 1987 vient bien du « célèbre moine humaniste néerlandais Erasme qui voyagea pendant de longues années à travers l'Europe pour s'enrichir des différentes cultures ». 

Brillant latiniste à Paris

Erasme naît à la fin des années 1460 - on ignore exactement quand - à Rotterdam (Pays-Bas) dans un milieu d’origine très modeste. Il a néanmoins la chance de pouvoir suivre des études dans une école chrétienne où il acquiert les rudiments de la langue latine. Après un bref passage en religion, il n’est prêtre que pendant un an, Erasme a la possibilité de parcourir l’Europe, au service de grands personnages de l’église, grâce à sa réputation de latiniste brillant. La langue latine était alors d’usage universel dans les milieux intellectuels et religieux.

C’est après un bref séjour à Bruxelles qu’il obtient la permission de son évêque d’aller étudier en France, en 1495, à l’Université de Paris, l'une des plus importantes et des plus anciennes universités du Moyen-Age, fondée au milieu du XIIe siècle. L'Université de Paris est en effet l’une des premières universités d’Europe, avec les universités de Montpellier et de Toulouse pour la France, de Bologne et de Padoue en Italie, d’Oxford et de Cambridge en Angleterre et de Salamanque en Espagne.

Un philosophe et un pédagogue

Parmi les universités européennes, l’Université de Paris est alors le plus important centre d’études philosophiques de l’époque. La scolastique qui y est enseignée constitue l’essence même de la philosophie médiévale : une forme de synthèse entre la philosophie grecque et la théologie chrétienne.  Cet austère enseignement est heureusement contrebalancé par l’influence de la Renaissance italienne, avec l’ajout non négligeable des « belles-lettres » aux enseignements, pour l’essentiel la poésie latine ancienne et moderne. C’est à Paris qu’Erasme rencontre des figures intellectuelles que la postérité a oubliées, comme Fauste Andrelin et Robert Gaguin, l’un des premiers représentants de l'humanisme français qui permettra à Erasme de faire paraître son premier texte.

Erasme est un étudiant pauvre : pendant qu’il prépare à Paris son doctorat de théologie, il doit exercer autrement ses talents pour vivre. Il devient précepteur et donne des leçons de latin à de riches étudiants étrangers. C’est pour eux qu’il écrira des manuels pédagogiques (qui seront publiés beaucoup plus tard), des manuels d’éloquence ou des précis dans l’art d’écrire pour l’essentiel, mais aussi ses fameux Adages, liste de formules, locutions et proverbes employés par les auteurs anciens avec un commentaire sur leur sens, leur origine, leur utilisation possible. C’est d’ailleurs une première édition des Adages, publiée à Paris en 1500, qui vaudra à Érasme sa réputation d'humaniste. D’autres œuvres, telles que L’Eloge de la folie, viendront parfaire cette réputation, acquise de son vivant.

Un esprit libre et pacifiste

Après Paris, Erasme repart sur les routes d’Europe : Londres, Paris à nouveau, Bruxelles, Turin, Bologne, Venise, Bâle, Fribourg… C’est tout au long de ses voyages, des études qu’il ne cesse jamais d’abandonner et des rencontres des plus grands intellectuels et des puissants du monde de l’époque, qu’Erasme se forge sa propre philosophie qui fait écho au monde d’aujourd’hui.

Outre ses idées sur la pédagogie qui doit se débarrasser du conformisme, Erasme est d’abord un « esprit libre » fondé sur un idéal de tolérance. Si sa foi religieuse est toujours restée vive, il s’est néanmoins élevé contre toutes les formes de cléricalisme ou de fanatisme. Il a porté tout au long de sa vie la conviction que seule une culture solide, issue des enseignements de l'Antiquité et de la littérature grecque et latine, pouvait être utile à chacun. Nourri lui-même par tous ces savoirs, il a ainsi prôné le partage et l'accès de tous à la culture et à la connaissance

Il a également développé, selon un universitaire, « une réflexion durable sur les horreurs de la guerre et sur les moyens de préserver la paix, cette paix toujours menacée, en son temps comme au nôtre, et qui semblait à Erasme le plus précieux des biens de l'humanité ». Car, comme l’écrit Stefan Zweig dans sa biographe d’Erasme, « ils seront toujours nécessaires ceux qui indiquent aux peuples ce qui les rapproche par-delà ce qui les divise et qui renouvellent dans le cœur des hommes la croyance en une plus haute humanité ».

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