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Le succès du Plumpy’Nut dans la lutte contre la malnutrition

Le premier aliment thérapeutique pour lutter contre la malnutrition

Mis au point par un duo de scientifiques français, Plumpy’Nut est un aliment thérapeutique au goût et à la consistance proches du beurre de cacahuète. Très simple à administrer, il semble constituer une réponse efficace à la malnutrition.

Du yaourt gourmand au « Nutella des pauvres »

Michel Lescanne est profondément attaché à sa Normandie natale. Cet ingénieur agricole de formation, fils du créateur de la célèbre marque de yaourts française Mamie Nova, aurait pu reprendre la coopérative laitière de son père. Mais à la suite d’un voyage au Sénégal, il décide de se lancer dans la recherche en nutrition humanitaire. Il fonde l’entreprise Nutriset en 1986. Dix ans plus tard, il met au point avec le médecin André Briend la première pâte nutritive prête à consommer pour lutter contre la malnutrition aiguë : Plumpy’Nut, ou « noix dodue ». Pâte de lait au goût de beurre de cacahuète, elle est enrichie en vitamines et minéraux.

Ce « Nutella des pauvres », comme l’a baptisé familièrement André Briend, est utilisé pour la première fois à l’échelle d’un pays en 1998 par l’ONG Médecins sans Frontières pour lutter contre la famine dans le Sud Soudan. Mais le Plumpy’Nut fait véritablement ses preuves en 2005, lors d’une crise alimentaire au Niger : il permet alors à plus de 60 000 enfants d’être soignés. Depuis 2007, les organisations internationales comme l’OMS, l’Unicef ou encore le Comité permanent de l’ONU recommandent l’usage de ce type d’aliments thérapeutiques prêts à l’emploi.

Un aliment présentant plus d’avantages que le lait thérapeutique

En termes de contenu nutritionnel et de valeur énergétique, il n'y a pas grande différence entre le lait thérapeutique et le Plumpy’Nut. Mais ce dernier a plusieurs avantages.

D’abord, il est facile à administrer. Plumpy’Nut ne nécessite aucune préparation préalable. Par contraste, le lait thérapeutique est une poudre qu’il faut diluer dans de l’eau potable selon un dosage précis et avec un temps de conservation de quelques heures seulement. Le ratio calorique de la pâte mise au point par Nutriset est un autre atout : 500 calories par sachet, soit un apport d'énergie considérable pour un petit volume. Last but not least, le goût sucré du Plumpy’Nut, que les enfants adorent, permet de contrer l’un des symptômes fréquents dans la malnutrition aiguë : la perte d’appétit.

Les limites de la super noix

En dépit de ses indéniables qualités, Plumpy’Nut a suscité des critiques de la part d’experts de la nutrition et du développement. Médecins Sans Frontières et l’Unicef ont étendu son usage au traitement de la malnutrition modérée, et plus seulement aiguë. Or, ce type d’aliment ne serait pas tout à fait approprié pour soigner les carences liées à ce type de malnutrition.

Un autre problème se pose : le prix du Plumpy’Nut, presque aussi élevé que… le Nutella. La faute au brevet protégeant l’innovation, à la faible automatisation des usines africaines et au coût incompressible des matières premières. Des obstacles qui limitent la production dans les pays où le Plumpy’Nut est susceptible d’être consommé.

Un nouvel objectif : prévenir la malnutrition

Les critiques ont porté leurs fruits. Initié par la PME Nutriset en 2005, le programme Plumpy Field cherche à développer la fabrication de Plumpy’Nut dans les pays où il est distribué. Son objectif : faire diminuer la part de production de l’usine normande de 70 % à 50 %. En parallèle, Nutriset a lancé une gamme de pâtes nutritionnelles spécifiques : elles possèdent une teneur en protéines et en fer plus adaptée à un public souffrant de malnutrition modérée.

L’entreprise entre aujourd’hui dans une ère de diversification. Fin 2014, elle a inauguré Tweed, un laboratoire de recherche d’aliments nouveaux visant à prévenir la malnutrition. Sa première création : un plat traditionnel burkinabé qui sera commercialisé dans une enseigne de distribution sociale et durable à Ouagadougou.

Photo : ©Michaël Zumstein/Agence Vu