« Mes études en France m’ont permis de construire un réseau international »
Haut fonctionnaire au département national de la Planification, Alexandra Gonzalez Rubio est une alumna de Sciences Po Paris. Ses études en France lui ont servi de tremplin pour une carrière professionnelle tournée vers l’international.
Après avoir œuvré à la Banque mondiale à Washington et à la Banque interaméricaine du Développement, vous travaillez aujourd’hui en Colombie. Votre connaissance de la France vous est-elle utile dans votre activité professionnelle ?
Oui, au quotidien. Je suis directrice adjointe de crédit public au département national de la Planification, un organisme public en charge de l’action interministérielle sur le long terme en Colombie. Je coordonne notamment les relations qu’entretient mon pays avec des institutions comme l’Agence française de développement (AFD), l’opérateur qui coordonne l’aide publique française pour les pays en développement.
Avec l’AFD, nous sommes en train de structurer un prêt de 275 millions d’euros qui servira à soutenir la lutte contre le changement climatique en Colombie. Ce type d’action est une démonstration concrète de l’importance qu’accorde la France au développement d´un pays comme le mien. Pour moi, cela implique un dialogue constant avec mes interlocuteurs français.
Qu’est-ce qui vous a amenée en France ?
Mon intérêt pour les relations internationales et les politiques de développement permettant de lutter contre la pauvreté. Adolescente, j’envisageais déjà de travailler dans ce domaine. Je maîtrisais déjà l’anglais et savais que le français serait un atout pour ce type de carrière : j’ai commencé à l’apprendre à l’Alliance française de Bogota. Dans la foulée, j’ai participé à un échange : j’ai été accueillie dans une famille près de Versailles. Il m’a fallu quelques mois pour arriver à bien me faire comprendre. Mais ç’a été une expérience fantastique. J’ai suivi une Terminale ES et découvert l’existence de l’Institut d’études politiques de Paris : c’est à ce moment que j’ai commencé à envisager d’y faire mes études.
L’idée ne vous a pas quittée : vous avez fini par entrer à Science Po Paris.
J’y ai même été étudiante à deux reprises. Dans le cadre des études en Gouvernance et Relations internationales que je suivais à l’université Externado en Colombie, j’ai passé un an à Paris : j’ai eu l’occasion d’assister à des cours dispensés au sein du fameux institut de la rue Saint-Guillaume dans le master Affaires internationales. Une fois mon diplôme colombien en poche, j’y suis revenue pour intégrer le master en Politique économique internationale.
À l’IEP, le niveau de formation intellectuelle des étudiants créait une forte émulation qui m’a tirée vers le haut. La diversité des profils était très appréciable : les gens venaient d’un peu partout pour étudier dans l’école. Cela m’a permis de bâtir un réseau international : j’ai fait mon master avec des personnes qui travaillent aujourd’hui à la Banque mondiale, à la Banque interaméricaine de développement ou encore à la KFW, équivalent allemand de l’AFD.
Ce qui a été aussi très important pour ma vie professionnelle ultérieure, c’est la méthodologie qu’on m’y a inculquée. Elle permet d’apprendre à structurer le raisonnement, à procéder de manière logique en allant au fond des choses.
La vie quotidienne en France vous a-t-elle autant enthousiasmée que vos études ?
Absolument ! Au début, il a été assez difficile de trouver un logement à Paris. Mais une fois installée, je n’ai pas cessé d’explorer la capitale : cette ville est un peu devenue ma maison. Chaque rue réserve une surprise. Pour un étudiant, l’offre culturelle y est beaucoup plus accessible que sur un campus américain, par exemple. Et je n’oublie pas non plus la gastronomie française, une des meilleures au monde.
En tant que citoyenne, j’ai aussi été sensible à la conception française du bien public, de l’intérêt général. C’était nouveau pour moi. À mes yeux, le rayonnement français en Colombie ne se manifeste pas seulement dans l’octroi de prêts économiques : il tient aussi à un point de vue culturel singulier. Les manifestations organisées à l’Alliance française ou au Centre culturel de Bogota en sont un reflet. Un grand nombre de conférences y sont données : j’essaie d’y assister quand mon travail, très prenant, m’en laisse la possibilité.