Histoire d'Alumni - Portrait d'Anestis Gourgiotis

J'ai quitté la Grèce à 17 ans pour aller étudier l'aménagement du territoire à Bordeaux. Dès le début, j’ai eu pour objectif d’étudier l'aménagement du territoire, c'était quelque chose qui me fascinait et que je désirais vraiment. L'idée de la France à l'âge de 17 ans m’attirait beaucoup, même si j'avais un peu peur, parce que je ne connaissais pas le français. 

J'ai donc commencé ma première année à l'université de Bordeaux 3-Michel de Montaigne, en apprenant le français dans une classe où tous étaient étrangers, c'est-à-dire venant de différents pays. C'est là que j'ai rencontré pour la première fois le multiculturalisme. Ça a été une année inoubliable, où j'ai découvert le monde, où je me suis fait des amis du monde entier, avec lesquels je suis toujours en contact pour certains d'entre eux. 

J'ai ensuite commencé les études pour lesquelles j'étais parti en France. J'ai commencé par le DEUG de géographie, les deux premières années. Là, un nouveau monde s'est ouvert devant moi, grâce aux professeurs et aux cours qui étaient particulièrement intéressants, mais aussi grâce à mes camarades de classe qui m’ont permis en fait de découvrir la culture française. J'ai ensuite passé mes examens et je suis entré en Maitrise des Sciences et Techniques de l'Aménagement du Territoire, où j'ai obtenu un diplôme en aménagement du territoire, puis j'ai fait un DESS en Urbanisme Opérationnel. Finalement, enfin rentré en Grèce, j'ai fait ma thèse de doctorat à l'Université de Thessalie.

L'avantage des études en France, c’est la possibilité importante de développements et de perspectives qu’offrent ses universités. Le choix des sujets de recherche est très varié, avec d’importantes perspectives de carrière. Cela donne la possibilité de sortir de son microcosme, dans lequel on a trop souvent tendance à se reposer, et de découvrir une autre dimension du monde. Mais je crois que le plus important, c'est que les études en France m'ont offert une perspective d'avenir dynamique, elles m’ont appris la pensée critique et à envisager l'avenir. 

Aujourd'hui, je suis professeur adjoint d'aménagement du territoire au département d'ingénierie de la planification, de l'urbanisme et du développement régional de l'université de Thessalie. Avant ma carrière universitaire, j'étais directeur à la direction de l'aménagement du territoire du ministère de l'environnement et de l'énergie et chef du département des cadres spatiaux spéciaux de cette même direction. 

Entre 2002 à 2005, j'ai représenté le Ministère de l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire et des Travaux Publics (YΠΕΧΟΔΕ), [devenu le Ministère de l’Environnement et de l’Energie YPEN] au Conseil de l'Union européenne à Bruxelles en tant que représentant national. J'ai également été vice-président du conseil de planification métropolitaine du Ministère de l’Environnement et de l’Energie et j'ai participé en tant qu'expert au comité exécutif de coordination et de suivi pour l’élaboration du Cadre Spécial d’Aménagement sur les ressources minérales et le tourisme. 

Je suis membre du conseil d'administration de l'Association hellénique des parcs d'affaires (ESEPPA) et membre suppléant du Conseil national pour l'aménagement du territoire du Ministère de l’Environnement et de l’Energie (YPEN). Je suis également membre du comité permanent "Aménagement du territoire et réseaux" du SEV [le MEDEF grec], et membre du groupe de travail permanent "Parcs d'affaires" du SEV. 

En 2016, j'ai reçu une bourse du gouvernement français pour étudier à l'École nationale d'administration (ENA), sur le thème "les politiques publiques, de leur conception à leur évaluation".

Depuis 2000, je travaille en tant que personnel scientifique spécial au Ministère de l’Environnement et de l’Energie (YPEN) et j'ai participé, entre autres, à la préparation, à l'évaluation et à la révision des cadres spéciaux d’aménagement du territoire (SER, tourisme, industrie, montagne, aquaculture, ressources minérales) dans les régions de l'Europe centrale et orientale, Aquaculture, Ressources minérales) dans l'évaluation et la révision des Cadres régionaux d'aménagement du territoire, dans la rédaction des spécifications paysagères dans les Cadres régionaux, dans la Commission nationale pour le paysage. 

J'ai représenté le Ministère de l’Environnement et de l’Energie (YPEN) au Comité des hauts fonctionnaires de l'aménagement du territoire du Comité européen des ministres de l'aménagement du territoire (CEMAT), au Conseil de l'Europe et j'ai été représentant dans les groupes de travail de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). 

J'enseigne également l'aménagement du territoire au Centre national de l'administration publique et des collectivités locales (EKDDA) ainsi qu’au sein de l’Institut de formation continue (INEP) de l’EKDDA. J'ai travaillé comme conseiller scientifique pour la préparation et l'organisation de colloques internationaux, et dans les années 1995-1996, j'ai été employée comme collaborateur scientifique à l'UNESCO, à Paris.

En ce qui concerne l'aménagement du territoire en Grèce, il est incontestable à ce jour que la politique d'aménagement du territoire a répondu de manière inégale aux défis auxquels a été confrontée la Grèce au cours des 30 dernières années. Elle s'est efforcée à la fois de suivre les évolutions et de rester à l’écoute de la société, au fil des ans.

Aujourd'hui, cependant, la situation est différente, du fait que nous traversons une période de changements rapides et importants, auxquels les modèles de développement doivent s'adapter. Après la récente crise économique mondiale, l'aménagement du territoire a été confronté à de nouveaux enjeux cruciaux, liés d’une part à la nécessité de remédier aux effets négatifs de la crise et d’autre part, à la nécessité d’un aménagement flexible, afin de stimuler la compétitivité sur la voie de la reprise économique.

L'aménagement du territoire et l’urbanisme demeurent au premier plan de l’actualité. Ils jouent un rôle clé dans l'élaboration du modèle de développement du pays, puisque le développement stratégique du pays s’accomplit à travers la dimension spatiale.

C'est précisément parce que les évolutions ne sont plus seulement nationales qu'il est nécessaire de coopérer avec des experts et des organismes venant d'autres pays, et en particulier des pays comme la France, avec laquelle nous partageons beaucoup de choses en tant que peuple, mais aussi au niveau institutionnel et administratif. C'est pourquoi il est nécessaire de multiplier les discussions entre experts, mais aussi entre institutions, sur le développement de l'aménagement du territoire, et d’initier d'importantes coopérations au niveau international. Les coopérations internationales au sein d'organisations supranationales telles que le Conseil de l'Europe, l'OCDE et la Commission européenne ont bien entendu un rôle déterminant à jouer dans l'identification et la résolution des défis actuels et futurs.

J’ai pour ambition constante de collaborer avec des institutions en France. Ces dernières années, nous avons travaillé avec plusieurs universités françaises, telles que l'ULCO, Tour, Clermont Ferrant, et d’autres. 

Deux actions de collaboration ont été récemment menées, la première avec l'université ULCO et l'Institut français de Grèce, où nous avons organisé en 2021 une journée d’études sur le thème ""Aménagement du territoire et enjeux : Nouvelle pensée sur l’aménagement en Grèce et en France". Les résultats de cette journée d’études ont été publiés en grec et en français dans une édition spéciale par les éditions Nomiki Bibliothiki. Ce livre a pour ambition, à travers l'échange d'expériences entre la Grèce et la France, qui est dotée d’une longue tradition en ce domaine, de souligner l'importance de l'aménagement du territoire comme moyen de solution aux questions sociales, économiques et politiques complexes et de produire une "nouvelle pensée d’aménagement".

Une deuxième initiative a eu lieu récemment en 2022, lorsque nous avons organisé une rencontre-séminaire en ligne (webinaire) intitulée "Aménagement de l'espace maritime méditerranéen : défis, perspectives et priorités ", organisée dans le cadre de la Présidence française de l'Union européenne, avec l’apport de l'Institut français de Grèce et l'Université de Thessalie, et qui a présenté les expériences de l'Espagne, de la France, de l'Italie, de la Slovénie, de la Grèce et de Chypre. Nous avons ensuite publié les résultats de la rencontre en grec et en anglais dans le volume collectif "Marine spatial Planning in the Mediterranean : Challenges, Perspectives and Priorities", publié aux éditions Nomiki Bibliothiki. Cette publication aborde quelques-unes des questions critiques de l'aménagement de l'espace maritime et vise à contribuer au débat sur les enjeux contemporains d’aménagement du territoire liés à la planification et au développement de l'espace maritime, en apportant des exemples provenant de divers pays méditerranéens.

Je ne pense pas qu'il y ait besoin de conseils particuliers. Je voudrais simplement leur dire qu'ils ont beaucoup de chance parce que la France est un pays civilisé ; qu’ils respectent les connaissances qu'ils vont recevoir et qu’ils n’oublient jamais d’où ils viennent.