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Aleixo Boaventura, recteur d'Unilicungo

Pouvez-vous présenter ?

Je suis professeur avec 26 ans d’expérience dans l’enseignement supérieur. J’occupe actuellement les fonctions de Recteur de l’Universidade Licungo à Quelimane, depuis mars 2019. J’ai auparavant travaillé comme vice-recteur de l’Universidade Pedagógica du Mozambique à Maputo, vice-recteur de l’Universidade Zambeze à Beira et conseiller du recteur de l’Universidade Pedagógica du Mozambique.

Pourquoi avez-vous choisi d'étudier en France ?

Je suis arrivé en France à mes 18 ans, en février 1989. Ce ne fut pas un choix mais un heureux concours de circonstance. J’ai fait partie de la première promotion de jeunes Mozambicains envoyés en France par le gouvernement mozambicain dans le cadre d’un projet de relance du français dans l’enseignement secondaire. À l’époque, le français n’étais pas enseigné dans le secondaire. Nous étions un groupe de 10 et avons d’abord suivi une formation de français à Vichy.

Comment s’est déroulée votre arrivée en France ?

J’étais très jeune en arrivant en France, je venais d’un pays en guerre, très pauvre. Mon premier lieu de séjour a été Vichy, une petite ville dans le centre de la France. Les difficultés au départ ont été l’isolement et le froid. À l’époque, j’étais en contact avec mes proches uniquement par courrier postal : au Mozambique, tout le monde n’avait pas le téléphone, il fallait parfois appeler chez les voisins qui allaient prévenir la famille.

Quel parcours universitaire avez-vous suivi en France ?

J’ai fait tout mon parcours de l’enseignement supérieur en France. Après Vichy, j’ai étudié successivement à Clermont‑Ferrand, Montpellier, Poitiers et Paris pour suivre plusieurs parcours en lettres modernes, sciences du langage, portugais, technologie informatique et audiovisuelle pour l’éducation, sciences de l’éducation dans la spécialité technologie éducative et j’ai ainsi obtenu des diplômes de différents niveaux de formation : diplôme d'études universitaires générales (bac +2), licence (bac +3), maîtrise (bac +4), master (bac +5), diplôme d'études supérieures spécialisées et doctorat. Des périodes professionnelles au Mozambique ont intercalé ces cursus en France.

Que retenez-vous de votre expérience en France ?

Ce fut naturellement une énorme différence socio-culturelle et un moment de grand apprentissage, j’ai été marqué par une sensation de liberté. Partir, c’est s’ouvrir à d’autres comportements, d’autres peuples. Impossible de partir et de revenir sans être profondément marqué par nos interactions.

Qu’avez-vous apporté du Mozambique en France ?

Je n’ai rien apporté du Mozambique. Les collègues avec qui je suis parti ont ramené de la nourriture, de la matapa par exemple en petite quantité. J’ai pu trouver le nécessaire en France comme de la farine de maïs. Vingt ans après, les Mozambicains de mon groupe et moi échangeons régulièrement via un groupe WhatsApp, certains sont au Mozambique, d’autres en France ou à l’étranger.

Qu’est-ce qui vous a manqué en France ?

Les contacts que nous avons au Mozambique m’ont manqués. J’ai grandi dans une communauté religieuse où nous étions très proches. Quand je suis arrivé en France, je suis au début allé à l’église mais n’y ai pas trouvé l’ambiance chaleureuse que je cherchais. Heureusement avec les collègues, nous avions créé une grande famille, nous faisions la fête ensemble.

Comment est-ce que l'expérience en France vous a influencé ?

Mon objectif a toujours été de revenir au Mozambique, j’avais des rêves pour mon pays. Certains de mes collègues eux, sont restés en France ou allés aux États­-Unis. L’expérience en France m’a énormément influencé au niveau des comportements professionnels et sociaux. Solidarité et honnêteté.

Que diriez-vous à des Mozambicains intéressés par l’expérience à l’étranger ?

Partir c’est toujours une expérience très enrichissante. Tout le monde devrait avoir cette opportunité, il faut donc être préparé pour bien la saisir.

De par mes fonctions, je conseille aux collègues de poursuivre leurs études ou de faire des séjours courts (1 ou 2 mois de stage par exemple) à l’étranger, quel que soit le domaine de formation. Si l’on veut constituer des institutions fortes en s’appuyant sur des expériences concrètes, il faut que cette mobilité se mette en place. Impossible de partir, de revenir et que cet exercice n’ait pas d’influence sur notre monde et notre travail.

Nos étudiants et professeurs s’orientent principalement vers le Brésil, le Portugal, l’Afrique du Sud, l’Espagne et Cuba. La France a une place spéciale pour moi mais pour la plupart des Mozambicains la langue constitue une difficulté. Unilincugo a choisi l’agriculture comme domaine d’excellence, c’est pourquoi nous nous ouvrons à l’Argentine ou encore à l’île de la Réunion, département d’outre-mer français dans l’Océan Indien, à travers notre adhésion au réseau des établissements agricoles professionnels de l’Afrique Australe et Océan Indien (REAP AAOI).

Plus d’informations sur le REAP AAOI ici : https://reseaureapaaoi.blogspot.com/