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Domingos do Rosário Artur, ancien secrétaire général du Ministère culture et tourisme

 

 Pouvez-vous vous présenter ?

 Je suis originaire de Gurúè, dans la province de Zambézia, où j’ai obtenu un diplôme d’ébéniste à 17 ans à l’école des arts et métiers locale. Après, j’ai étudié successivement à Quelimane et à Beira, et j'ai obtenu le bac en 1982. J’ai cumulé plus de 37 ans d’expérience professionnelle au Mozambique entre Italmo (Beira, 1984/1946), l’Institut de recherche socioculturelle - ARPAC (1987/2001), et le Ministère de la Culture et du Tourisme (2001/2020).

 

 

Dans quel contexte êtes-vous allé en France ?

Je travaillais depuis deux ans pour l’ARPAC à Beira dans le domaine de la recherche quand j’ai été sélectionné en 1989 pour une bourse d’études en France octroyée par la coopération française. Nous étions deux à partir de Beira, nous avons passé trois jours à Maputo et y avons appris juste quelques mots de français avant le départ.

Comment s’est déroulée votre arrivée en France ?

Ce fut un choc à l’arrivée. Nous avons atterri à l’aéroport Charles de Gaulle à Paris, arrivés à 7h, nous avons trouvé la sortie uniquement vers 13h grâce à un agent de sécurité brésilien ! Le jour-même, nous avons pris le train pour la ville de Vichy où nous allions suivre une formation de français pendant 8 mois, prérequis pour entrer à l’université et mériter la bourse. Débarquer à Vichy, en 1989, une ville thermale et habiter en plus chez des gens, ce fut un changement de cadre de vie pas terrible.

Comment s’est déroulé votre parcours universitaire ?

Après Vichy, j’ai suivi une maîtrise (bac +4) en sociologie, option anthropologie, à l’Université Paris 8. J’y ai rencontré des grands penseurs dans le domaine de la sociologie, une branche des connaissances cruciale pour le développement social et économique. Frappé par les faibles connaissances de mon entourage sur l’Afrique, j’ai voulu faire connaître le continent et en particulier la singularité du Mozambique, qui compte une trentaine d’ethnies, en organisant par exemple la journée du Mozambique dans la cité universitaire où je résidais ou en abordant en cours l’histoire de l’indépendance de mon pays.

Que retenez-vous de votre expérience en France ?

Les sciences sociales étaient très importantes en France tandis qu’au Mozambique il n’y avait pas encore de formation dans le domaine à l’époque. Connaître et comprendre les communautés à travers la sociologie permet d’impacter positivement les décisions de planification du développement national. Dans ce domaine, la France en est un excellent exemple, ayant consolidé une sociologie pragmatique et applicable à des contextes comme le nôtre. Le fait que la France, en particulier Paris, soit un pôle de convergence de cultures et des civilisations (caractère cosmopolite de sa population, musées, monuments, quartiers différenciés, régions côtières, etc.), complémente la compréhension des civilisations du monde entier. Je n’oublierai jamais les nombreux universitaires qui croyaient que l’Afrique était un village et dans les meilleurs des cas, un pays monoculturel.

Comment s’est passé votre retour au Mozambique ?

Je suis rentré à Beira à l’obtention du diplôme où j’ai rejoint la direction de l’ARPAC à Manica sur des sujets de sociologie. Parmi mes projets de recherche, je pourrais citer le regard des villageois sur l’école et l’instituteur, le croisement entre tradition et modernité, la place du savoir-faire local, l’évolution du concept des monuments, la valorisation de la mémoire de l’esclavage ou encore la mise en valeur du patrimoine culturel.

En 2001, j’ai été invité à travailler au siège du Ministère à Maputo, où j’ai occupé plusieurs fonctions de direction. Comprendre la culture et la langue française m’a notamment permis de tisser des liens avec les territoires de l’océan Indien, en particulier avec l’île de la Réunion, département d’outre-mer français, avec lesquels le Ministère met en route plusieurs projets culturels et touristiques.

Qu’est-ce qui vous a manqué en France ?

L’Afrique d’amitié, de coopération et de solidarité m’a beaucoup manquée. Les 25 mai, à l’occasion de la journée de l’Afrique, nous organisions des rencontres conviviales réunissant étudiants et même personnel de la cité universitaire, avec entre autres musique d’instruments traditionnels et matchs de football.

Que conseilleriez-vous à des Mozambicains intéressés par des études en France ?

Les jeunes devraient se battre pour une opportunité d’études en France, de courte ou longue durée. Ce pays offre une large diversité de formations, est ouvert au monde, permettant de connaître tous les continents, toutes les cultures et civilisations. Ainsi, séjourner en France représente un privilège pour se comprendre soi-même en tant qu’individu, communauté et pays, et en comprenant les autres. Les études servent à une société, à votre pays : pour cela, il faut le connaître, le comprendre, l’aimer.

 Le Mozambique collabore avec l’Iconothèque historique de l’Océan Indien (IHOI) pour la mise en réseau des patrimoines iconographiques du Mozambique, de l’île de la Réunion, de Madagascar, de Mayotte, des Seychelles, de l’île Maurice et des Comores. Plus de 30 000 images sont consultables gratuitement sur le portail numérique de l’IHOI : ihoi.org. Visitez la première exposition virtuelle « Regards de l’océan Indien » : http://www.images-oceanindien.org/ !